Dark Deauville...

[6 aout 2008 - Deauville]

     'La rentrée de Septembre, c’est aussi beau qu’une ville après la chute d’un obus sur ses toits. Je vous laisse imaginer les dégâts. Cries des enfants rentrant à l’école, le retour sur le bord de l’autoroute avec la bagnole en panne, car vous avez oublié de mettre du liquide de refroidissement, les impôts à payer toujours aussi bien utilisé, le retour au boulot, si bien sûr votre usine n’a pas été délocalisé durant vos vacances, la vie quotidienne reprend le dessus sur vos illusions des campings, des bords de mer et surtout vous laissez place aux vieux sur les plages. Et là, je dis non !

   Je ne veux, je ne peux, plus voir ces vieux sur les plages luisant leur gras sous leurs maillots de bains achetés par correspondance, de ces vieux qui ont tendance une fois dans leurs voitures à ne pas avancer, voir même de reculer, pendant que vous, vous essayez tant bien que de mal d’aller bosser.

    Pour ceux qui ont un boulot !

    Pour vous c’est la rentrée, pour eux ce sont les vacances et ils en profitent.  Profitent, pour faire chier le monde surtout. C’est leur jeu favori. Ils ont plus que ça à faire de toute façon. Faire chier le monde, n’est que pour eux, une manière d’attendre la mort.  Mais, ces vieux ne vont pas sur n’importe quelle plage.

    Les plus pauvres iront sur la plage qu’ils côtoient depuis le début des congés payés. Mais les plus riches eux vous dans des villas sur des plages dites « parisiennes » –pas celle sous les pavés, c’est pour les pauvres- comme Le Touquet ou bien même Deauville.  Et c’est en ce mois d’Eté Indien –merci Joe- ils vont par centaines prendre place sur ces lieux, qui maintenant leur appartient. Petit bungalow privé sur le sable, transats, champagne et ils se délassent.

    De quoi, vous allez me dire ? Ils sont à la retraire, le reste de l’année. Et bien, ils se reposent de leur retraire, qu’ils disent bien mérité. Mais pourquoi, un ouvrier –ou autre travailleur- retraité n’aurait pas aussi le droit à une retraite tout aussi mérité que ces cons d’anciens patrons, qu’ils ont été ?

    Ils sont là, maintenant, tenant leur caniche ou autre truc débile de chien dans le bras pour ne pas lui abimer les papattes, et ils comptent y rester. Ils vous regardent avec un air absurde, déplacé et hautain comme pour vous montrez que votre accoutrement n’est pas à leur goût.On l’entend même ronchonner, par dessous les pages du dernier livre de l’UMP(iste) à la mode : « Qu’est ce qu’il fout là ce machin ? Encore un chômeur polluant nos plages ? ».

     Alors que non, nous sommes ici en famille un dimanche matin. Je ne vous cacherais pas que ce florilège d’humain qui ne me donne envie de vomir et de dire « oui » à l’euthanasie.  Mais j’ai dû me perdre sur cette plage, je ne me sens pas à l’aise autour de ces vautours permanentés, ces rongeurs cravatés et ces connards friqués. Ils me font peur, ses séniles. Pourquoi, je suis venu à Deauville, ça c’est sûr je ne veux pas y être enterré. On retourne à Montrouge, maman ?'

ké20