"On l'âchera pas l'affaire !"
1er mai 2009 à Rouen
_"Pour que continue le Combat Ordinaire"_
'Je n’irai plus dans le même sens que ces gens qui eux vont
tous dans le même sens. Toujours pour des raisons qui me sont propres et qui
sont les suivantes : la première est que j’ai une haine passive pour les gens
et plus encore quand ils sont regroupés en masse, la deuxième qu’ aller dans le
même sens que tout les autres sans savoir où ils vont m’escagasse la plante des
pieds et… non il n’y aura pas de troisième point, parce que…, parce
que…, rien…
Le premier point, ce sont les gens. Regardez les,
regardez-vous, vous êtes quoi ? Rien. Enfin tout seul vous n’êtes rien et à
plusieurs vous êtes une bande, de cons, de terroristes, de rebelles, de jeunes
ou de vieux peu importe, mais vous êtes nombreux, et là vous avez le sentiment
d’être quelqu’un. Et c’est là que je ne vous aime pas, vous m’affolez, tous
regroupés pour des raisons qui sont plus ou moins honorables, que se soit à la
messe – toutes religions confondues- à une manifestation –tous syndicats
éparpillés- ou bien à l’usine –toutes marques automobiles délocalisées- vous
êtes prêt à crier votre joie, votre combat –ordinaire- face à un guide. Oui,
car il vous faut un guide, pour le religieux ce sera le représentant de Dieu
sur Terre et pour le manifestant ce sera le chef de son syndicat et pour
l’ouvrier –pas encore chômeur, il en reste- ce sera son patron.
Vous êtes tous comme ça, moi le premier. Mais j’aime à vous
regarder du haut de mon balcon –en plus des pigeons- passer en dessous pour
crier votre lutte, votre conviction. C’est votre plus grand choix, je le
respecte. Mais aller crier ailleurs, merci. Mais voila, si vous êtes tous
réunis c’est déjà une bêtise, mais le pire c’est de se suivre comme des
moutons, l’un derrière l’autre, comme ces vaches, ces cochons –fiévreux- qui
se suivent. Pour aller où ? Je vous le demande. A l’abattoir. Allez les vaches
suivez, le guide. Et là vous rentrez dans un système où vous ne pouvez
pas réfléchir seul, car besoin de l’autre pour le faire.
Donc, pourquoi se suivre vers un point –mon deuxième-
quelconque, alors qu’il ne serait pas mieux de choisir de prendre votre propre
chemin ? Je ne remets pas en cause le fait de lutter ou de prier ensemble pour
une cause noble, ou pour un homme invisible, ou peu présent sur Terre. Mais imaginez
un instant :’avoir le pouvoir de décider de votre avenir, seul, sans que
personne ne vous interpelle pour vous signaler que vous dépassez la ligne
blanche –celle qu’en Colombie, on s’enfile dans le pif. Mais on ne peut
pas. Ou ce serait l’anarchie. Bizarre dans un Etat de droit. Mais on pourrait
le faire. Ou vivre en Ardèche en élevant des chèvres, en ne faisant chier
personne. Mais luttez pour vos convictions, je vous en conjure. Continuez, mais
ne vous faites plus guider par un homme qui veut avoir le pouvoir sur
vous. Ni dieu, ni aucun chef syndicaliste ne doit vous imposer son
opinion, ni personne d’autre d’ailleurs. Ou bien qu’il le fasse, mais qu’il
argumente son geste. En parlant de geste, il faudrait demander à Mike Brant
pourquoi, il a sauté du balcon en emmenant les géraniums. Ils n’y étaient pour
rien eux. Voila un exemple de choses qui ont suivi un homme et qui sont tombées.
Luttez, pour vous et pas pour eux. Je ne fais pas mon
égoïste, quoique quand même un peu. Mais j’en ai marre de lutter pour des
causes et qu’on me le reproche après. Je lutte contre la connerie. Et bien on
me le reproche. Surtout les cons ! Et je suis entouré de beaux spécimens
au quotidien.
Maintenant faites ce que vous voulez, mais moi je reste à
mon balcon à regarder, le suivant des suivants dans ma rue.
Au revoir et merci.'